67 ans : c’est bien tôt pour un adieu. C’est l’âge qu’avait le metteur en scène suisse, que l’on savait malade depuis longtemps et qui s’en est allé le 28 novembre dernier. Un homme discret, un homme de théâtre qui aura marqué son époque.
C’est en Allemagne que Luc Bondy, natif de Zurich, commence sa carrière. À Hambourg, Berlin, Munich… il monte Genet, Ionesco, Büchner, Edward Bond… Il sera codirecteur de la Schaubühne de Berlin, des Wiener Festwochen ; puis, en 2012, cet artiste parfaitement bilingue sera nommé à Paris, à la tête du Théâtre de l’Odéon. Car, depuis longtemps, il a conquis la France. En 1984, Terre étrangère d’Arthur Schnitzler a enthousiasmé les spectateurs du Théâtre des Amandiers de Nanterre, qui ont gardé le souvenir de Michel Piccoli, de Bulle Ogier… et du court de tennis constituant l’un des décors.
Bondy ne vient à l’art lyrique qu’en 1977, à l’Opéra de Hambourg, mais c’est pour s’attaquer à Lulu, suivie de Wozzeck, quatre ans plus tard. En 1984, il met en scène Cosi fan tutte à la Monnaie de Bruxelles, spectacle repris aux Amandiers, en 1986. En 1994, le Châtelet, alors dirigé par Stéphane Lissner, affiche la première française de Reigen, opéra de Philippe Boesmans d’après Schnitzler, créé à Bruxelles, l’année précédente. Bondy en est le metteur en scène mais aussi le librettiste – une idée de Boesmans et de Gerard Mortier, à la tête de la Monnaie, à l’époque de la commande.