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Comptes rendus

Peau d’âne enchante le Théâtre Marigny

03/12/2018

Théâtre Marigny, 29 novembre

Dans un Théâtre Marigny fraîchement restauré et sous la houlette de Jean-Luc Choplin, le spectacle musical est chez lui.  Premiers invités : Michel Legrand et Jacques Demy, sans oublier Charles Perrault, puisque c’est le conte qu’il écrivit en 1694 qui a servi de point de départ à Peau d’âne, film fameux de 1970, consécration et plus grand succès d’un duo auquel on devait déjà deux œuvres phares : Les Parapluies de Cherbourg (1964) et Les Demoiselles de Rochefort (1967).

Une chose est sûre : la musique de Michel Legrand (né en 1932) n’a pas pris une ride, et nombreux sont les spectateurs qui fredonnent la Recette pour un cake d’amour en même temps que l’héroïne. Une bande enregistrée et, dans la fosse, un petit ensemble de musiciens, sous la direction de Thierry Boulanger, la font revivre avec entrain.

La magie du théâtre est autre que celle du cinéma, créant avec l’assistance davantage d’intimité. Applaudi à plusieurs reprises au Châtelet pendant l’ère Choplin (Le Chanteur de Mexico, Il barbiere di Siviglia… et, surtout, la superbe réussite de The Sound of Music), Emilio Sagi met son habituelle fantaisie au service de cette adaptation.

Une forêt, dans la perspective et démultipliée par des jeux de miroirs, sert de cadre à l’action ; en son milieu, les divers lieux sont suggérés par quelques éléments : un trône à tête de chat, des tables et une poignée d’ustensiles pour la cuisine de Peau d’âne, un lit chamarré pour la chambre du Prince. Les costumes sont d’un luxe effréné. La légèreté l’emporte sur la gravité et la psychanalyse facile. Tous les rêves sont permis.

Le goût avéré du directeur pour les distributions prestigieuses l’a conduit à choisir des stars de la danse reconverties avec bonheur – Marie-Agnès Gillot, virevoltante Reine rouge, Michaël Denard, Roi bleu frisant l’inceste – ou des vedettes télévisuelles, comme Claire Chazal, Narratrice inattendue. Autour d’eux, des professionnels aguerris : Franck Lopez, désinvolte Roi rouge, Christine Gagnieux, épatante en « Vieille ».

Mathieu Spinosi – en alternance avec Olivier Fredj – est un Prince juvénile et attendrissant, disposant d’un joli filet de voix. Emma Kate Nelson, Fée des lilas au punch irrésistible, joue avec finesse de son charmant accent britannique. Quant à la très jeune Marie Oppert, déjà remarquée dans Les Parapluies de Cherbourg au Châtelet, elle incarne idéalement l’héroïne de cette féerie.

Il était une fois… l’histoire continue.

MICHEL PAROUTY

PHOTOS : © JULIEN BENHAMOU

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