Comptes rendus Le quiproquo manque d’extravagance à Pes...
Comptes rendus

Le quiproquo manque d’extravagance à Pesaro

22/08/2019

Vitrifrigo Arena, 13 août

Pour leurs débuts au « ROF », Moshe Leiser et Patrice Caurier ont dû relever le pari de monter un opéra de dimensions modestes – six personnages, un petit chœur masculin et une intrigue assez mince – dans l’espace gigantesque de la Vitrifrigo Arena.

Les metteurs en scène ont choisi de transformer L’equivoco stravagante en caricature d’un vaudeville à la Feydeau, dans le décor unique d’un salon petit-bourgeois, au papier peint gris étouffant. Un parti pris qui rappelle leur travail sur Il cappello di paglia di Firenze de Nino Rota, en 2012, pour Angers Nantes Opéra, mais qui convient peut-être moins à ce « dramma giocoso » de 1811.

Les personnages, difformes et affublés de faux nez, s’agitent de façon uniformément grotesque, et il faut attendre le deuxième acte pour que quelques bouffées de folie viennent rompre la monotonie de cette approche un peu superficielle, qui ne tire pas grand-chose du double langage du livret de Gaetano Gasbarri. L’on s’étonne que la situation scabreuse qui fait le nœud de l’action et qui,  en son temps, avait valu à la pièce d’être censurée et retirée de l’affiche, n’ait pas inspiré une vision plus acide aux metteurs en scène, habituellement autrement inspirés.

Heureusement, le plateau se révèle absolument épatant, tant au plan scénique que vocal. Teresa Iervolino joue à la perfection son rôle de bas-bleu pédant, d’une candeur qui frise la sottise. Son timbre presque masculin et ses graves profonds apportent à Ernestina toute l’ambiguïté voulue, pour que le Buralicchio du magnifique baryton Davide Luciano croit à la fable du castrat déguisé en femme. Tous deux sont de remarquables virtuoses et dominent de loin la distribution.

Habitué des basses bouffes, Paolo Bordogna surprend par l’intéressante épaisseur qu’il apporte à son personnage de paysan parvenu, quand Gamberotto prend la défense de sa fille emprisonnée. Passé une entrée quelque peu problématique, l’Ermanno de Pavel Kolgatin s’impose dans son grand air du II, malgré un timbre assez nasal. La soprano Claudia Muschio tire le maximum du rôle de Rosalia, tandis que le ténor léger de Manuel Amati laisse entendre les limites d’une acoustique guère adaptée aux voix de petit format.

Impeccable, l’Orchestra Sinfonica Nazionale della Rai, sous la direction énergique de Carlo Rizzi, pour une soirée un peu lisse.

ALFRED CARON

PHOTO © STUDIO AMATI BACCIARDI

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