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Comptes rendus

Le « premier » Faust crée l’événement en CD

26/09/2019

Gounod : Faust

Jacques Bonnaure n’avait pas caché son enthousiasme après le concert donné au Théâtre des Champs-Élysées, le 14 juin 2018, en coproduction avec le Palazzetto Bru Zane (voir O. M. n° 142 p. 74 de septembre). Nous le partageons à l’écoute du CD, réalisé à partir de la captation de l’événement sur le vif et de prises en studio effectuées les jours précédents.

De fait, il n’y a pas grand-chose à ajouter à son compte rendu, aussi pertinent qu’exhaustif. Alexandre Dratwicki, directeur scientifique du Palazzetto, a eu raison, en programmant ce « premier » Faust, créé au Théâtre-Lyrique, le 19 mars 1859, de rétablir, à partir de l’édition critique de Paul Prévost, des passages coupés pendant les répétitions. C’est ce que l’on attend dans ce type d’opération.

On découvre un opéra (en quatre actes) nettement différent de celui (en cinq) traditionnellement représenté et enregistré. Différent, mais pas moins séduisant, en raison de la qualité des nombreux dialogues parlés, remplacés ensuite par des récitatifs chantés, de l’habileté de Gounod à les traiter sous forme de « mélodrame », et de l’intérêt de la musique retrouvée – à l’exception de l’air de Valentin, au deuxième tableau du III, et du chœur des Sorcières, à la fin de la « Nuit de Walpurgis», assez maladroits.

Précisons que certaines de ces pages n’étaient pas inconnues des discophiles, puisqu’elles figuraient, en « appendice », dans les intégrales Plasson (EMI/Warner Classics) et Rizzi (Teldec/Warner Classics) du Faust traditionnel.

L’interprétation est au-delà de tout éloge. Christophe Rousset, Les Talens Lyriques et le Chœur de la Radio Flamande supportent la comparaison avec les références de la discographie. Il y a bien trente ans que l’on n’avait pas immortalisé Faust, Marguerite et Valentin aussi exaltants et idiomatiques que Benjamin Bernheim, Véronique Gens (malgré un contre-ut scabreux sur « Cédez à ma prière ! ») et Jean-Sébastien Bou.

Ingrid Perruche (particulièrement drôle), Juliette Mars et Anas Séguin sont parfaits. Reste Andrew Foster-Williams, Méphisto vocalement ordinaire, voire laborieux, mais auquel on pardonne beaucoup, tant son intelligence du chant et du texte convient à ce « premier » Faust, décidément particulier.

RICHARD MARTET

3 CD Palazzetto Bru Zane BZ 1037

DIAMANT D’OPÉRA MAGAZINE

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