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Comptes rendus

En avant-première, les débuts de Benjamin Bernheim chez DG

21/10/2019

Benjamin Bernheim : Airs d’opéras

Pour son premier récital au disque, gravé en studio, en août-septembre 2018 et mai 2019, Benjamin Bernheim, comme beaucoup de ténors avant lui, a choisi d’enchaîner les « incontournables » du répertoire lirico/demi-caractère.

Rien, ou presque, ne manque à l’appel, de « Pourquoi me réveiller » (Werther) à « Che gelida manina » (Rodolfo de La Bohème), en passant par « Una furtiva lagrima » (Nemorino dans L’elisir d’amore), « Ah ! lève-toi, soleil » (Roméo), « De’ miei bollenti spiriti » (Alfredo de La traviata), « Kuda, kuda » (Lenski d’Eugène Onéguine), « Parmi veder le lagrime » (le Duc de Mantoue dans Rigoletto), « Salut ! demeure chaste et pure » (Faust de Gounod), « Nature immense » (Faust de Berlioz) et « Quando le sere al placido » (Rodolfo de Luisa Miller).

Saluons l’exploit : ce parcours semé d’embûches est un sans-faute. La jeunesse et la séduction d’un timbre très phonogénique, l’aisance et la lumière de l’aigu (quels contre-ut !), la caresse du phrasé, l’ardeur de l’accent, la netteté et l’expressivité de la diction, servent admirablement ces pages rabâchées, au point que l’auditeur n’éprouve jamais la moindre sensation de lassitude.

Ce récital est donc, d’abord, la confirmation d’un formidable talent, comme on n’en avait plus entendu au disque, chez les ténors français de cette catégorie, depuis les premiers albums de Roberto Alagna pour EMI Classics.

Même si Benjamin Bernheim, à ce stade de sa carrière, n’a plus besoin de passeport pour franchir les portes des plus grands théâtres et festivals, c’est aussi une carte de visite de toute première qualité, d’autant qu’Emmanuel Villaume, à la tête d’un splendide Prague Philharmonia, lui apporte un soutien à la fois attentif et inspiré.

On attend maintenant avec impatience le deuxième récital, d’ores et déjà prévu, on l’imagine. Que souhaiter ? Sans doute davantage de raretés, la seule figurant dans le présent programme (« Tout est fini », extrait de Dante de Benjamin Godard) nous ayant mis en appétit. Un peu plus de liberté dans la manière d’aborder le répertoire italien, également : aussi bien chantés soient-ils, « Una furtiva lagrima » et « De’ miei bollenti spiriti » paraissent un rien corsetés, surtout servis par une voix d’une couleur naturellement peu « -italienne ».

Ce ne sont que vétilles, mais un artiste de ce calibre – et la maison de disques qui l’a signé en exclusivité ! – se doivent d’en tenir compte. En attendant, nous courons réécouter ce premier album si riche de satisfactions et de promesses.

RICHARD MARTET

1 CD Deutsche Grammophon 483 6078

DIAMANT D’OPÉRA MAGAZINE

Sortie le 8 novembre

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