Comptes rendus Excitants Puritains à Marseille
Comptes rendus

Excitants Puritains à Marseille

16/11/2019

Opéra, 3 novembre

On dit généralement que Bellini, pour la création d’I puritani (Paris, 1835), disposait des quatre meilleurs chanteurs de son époque. Nous n’en sommes pas loin avec la distribution réunie à Marseille, pleinement impliquée, qui a provoqué le délire du public après chaque morceau, et un bruyant déchaînement lors des saluts.

En grande forme, Jessica Pratt, la seule à chanter sans partition, offre une Elvira somptueuse, en plus d’une belle leçon de technique. Le timbre est homogène sur toute la tessiture, jusqu’à des suraigus conquérants, les vocalises sont à la fois fluides et d’une solidité à toute épreuve. Le personnage, même en version de concert, est finement dessiné, et nous avons droit, lors des reprises, à des variations proprement époustouflantes.

Le ténor chinois Yijie Shi, assez peu connu en France, possède une voix placée haut dans le masque, ce qui est un atout majeur pour les aigus dont le rôle d’Arturo est émaillé, même s’il n’ose pas le célèbre contre-fa du finale. Le souffle est d’une belle longueur, le volume conséquent, et la diction élégante.

Jean-François Lapointe s’acquitte de Riccardo avec sa probité et son chic habituels. Quant à Nicolas Courjal, Giorgio puissant et plein d’aisance, il semble capable, une semaine après La Reine de Saba (voir ci-contre), de s’adapter à tous les répertoires. Avec eux, le duo « Suoni la tromba » devient un vrai moment d’excitation. Et les seconds rôles ne sont pas en reste, qu’il s’agisse de Julie Pasturaud, Éric Martin-Bonnet ou Christophe Berry.

Giuliano Carella est un fin connaisseur de Bellini. Il sait ainsi qu’I puritani exigent puissance et passion. Sous sa baguette, le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, déchaînés, hurlent et rugissent. Sa position sur le plateau, et non en fosse, permet d’admirer sa gestique bondissante et l’attention sans faille qu’il porte aux chanteurs. Il suffit de capter ses regards vigilants aux uns et aux autres pour s’en convaincre.

CATHERINE SCHOLLER

PHOTO : Jessica Pratt et Yijie Shi. © CHRISTIAN DRESSE

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