Comptes rendus Grand gala lyrique à Tours
Comptes rendus

Grand gala lyrique à Tours

17/06/2021

Grand Théâtre, 6 juin

La bonne humeur, la joie de se retrouver, public et artistes, la pertinence d’un programme magistralement exécuté… Tout concourt au triomphe rencontré par ce « Grand Gala lyrique », proposé par l’Opéra de Tours, les 4, 6 et 8 juin.

Un chef et un orchestre survoltés, six chanteurs au plus haut de leur forme, pour servir mélodies, airs et scènes d’opéra ou d’opérette, avec quelques surprises : c’était l’affiche rêvée pour Noël. Les contraintes successives en ont fait une fête de reprise et une ouverture vers l’avenir.

En commençant par « Les Chasseresses », extrait du ballet Sylvia (1876), l’orchestre pose vivement la question : qu’est-ce que la musique française ? Sylvia, c’est du Delibes « retour de Bayreuth », avec sa débauche de cuivres (les cors !) et de percussions.

À la tête de l’Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours, Hervé Niquet est, lui-même, homme-orchestre. Il dit et joue les textes de liaison, mais chante également un irrésistible Célestin de L’Auberge du Cheval-Blanc (1930).

Les extraits de La Caravane du Caire (1783), « opéra-ballet » de Grétry, dont les représentations étaient prévues à Tours, ce printemps, mettent en appétit pour son retour, repoussé à une date ultérieure. Décors et costumes – le plumage – se rapporteront-ils au ramage de cette troupe talentueuse ? Les ariettes et le final invitent à le souhaiter.

De découvertes en retrouvailles, il faudrait tout analyser : l’air de Lalla-Roukh (1862), de Félicien David, par Marie Perbost ; Pensée de printemps (1893), rare mélodie de Massenet, par Enguerrand de Hys ; la révélation du grand duo d’amour de Lancelot (1900), de Victorin de Joncières, par Marie Perbost et Mathias Vidal.

Offenbach est à l’honneur. Deux extraits des Contes d’Hoffmann (1881), deux moments d’émotion : « Scintille, diamant », interprété par Douglas Williams, puis la célèbre « Barcarolle », confiée à Chantal Santon Jeffery et Marie Perbost. L’air de Vert-Vert (1869) est détaillé par Chantal Santon Jeffery, et celui d’Un mari à la porte (1859), par Florie Valiquette. Les « Couplets des petits valets », extraits de Maître Péronilla (1878), démontrent l’amusante complicité des deux ténors, Mathias Vidal et Enguerrand de Hys.

Parmi les pages instrumentales, citons Unter Donner und Blitz (1868), « Schnellpolka » de Johann Strauss, dont Hervé Niquet voudrait faire croire qu’elle se conduit toute seule ; et The Typewriter de Leroy Anderson (1950), œuvre pour machine à écrire et orchestre, créée par les Boston Pops et immortalisée au cinéma par Jerry Lewis, en 1963.

À Tours, c’est le percussionniste Nicolas Zanlonghi, membre de l’Orchestre, qui mobilise sa force de frappe (des touches), le retour du chariot, la cloche… Frisson de bonheur. Comme le chante, avec philosophie, Mathias Vidal dans Une folie (1802), bref opéra de Méhul, « on ne saurait trop embellir le court espace de la vie ». Entrain, brio, plaisir de partager ne sont pas une folie, mais le sens de la vie.

PATRICE HENRIOT

PHOTO © MARIE PÉTRY

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