Comptes rendus Un concert pour Napoléon à Paris
Comptes rendus

Un concert pour Napoléon à Paris

07/07/2021

Théâtre des Champs-Élysées, 18 juin

À l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon, et à l’initiative du Palazzetto Bru Zane, Julien Chauvin nous offre une double surprise : la Messe composée par Paisiello à l’occasion du sacre de l’Empereur, et une version très particulière du Requiem de Mozart.

Napoléon éprouvait une tendresse particulière pour la musique de Paisiello, au point de nommer le Napolitain au poste de maître de chapelle. C’est donc en toute logique que Paisiello se vit confier la composition de la Messe qui fut donnée à Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, lors de la cérémonie du sacre (au cours de laquelle furent également joués un Te Deum du même Paisiello, ainsi que plusieurs pages de Le Sueur et de l’abbé Roze).

Une Messe d’une étonnante simplicité, là où l’on aurait pu attendre des débordements de faste et de solennité. « Peut-être même faut-il penser que l’œuvre préexista à sa pompeuse destination et avait été écrite pour l’effectif et la salle plus modestes de la chapelle des Tuileries », précise Alexandre Dratwicki, directeur artistique du Palazzetto Bru Zane. L’œuvre surprend peu au début, mais le Gloria et, surtout, le Credo permettent des effets de contraste et d’écho qui mettent à l’honneur le Chœur de Chambre de Namur (dont les membres, espacés, chantent sans masque) et les bois volubiles du Concert de la Loge.

Les solistes, placés entre l’orchestre et le chœur, participent de ce lyrisme enjoué, même si l’on peut regretter le style assez théâtral du ténor Sahy Ratia. L’Et incarnatus est ménage une surprise en faisant dialoguer une harpe et un cor solo, « que l’impératrice Joséphine aimait entendre dans l’intimité de ses salons », ajoute Alexandre Dratwicki.

On sait que le Requiem de Mozart fut joué au moment du retour des cendres de l’Empereur, en 1840, mais on sait moins qu’il fut révélé au public parisien, le 21 décembre 1804, en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, sous la baguette de Cherubini.

Abandonnée par Mozart, en 1791, l’œuvre a fait l’objet de nombreux débats et de multiples tentatives d’achèvement, et l’on ne s’étonnera pas que cette version de 1804, assez brève, ne corresponde pas à celle, par exemple, proposée par Süssmayr. Aucune fugue, ainsi, ne précède le Dies irae, mais c’est bien une fugue, à la suite immédiate du Lacrimosa, qui clôt. Par ailleurs, l’Introït du Requiem de Jommelli sert étonnamment de prélude.

Julien Chauvin dirige, avec une belle fougue, cette étonnante version du Requiem de Mozart, même si les vents semblent moins à l’aise que chez Paisiello. Cinq solistes, comme en 1804, sont ici réunis, et non pas quatre : Florie Valiquette et Chantal Santon Jeffery se partagent les parties de soprano (la première plus fleurie, la seconde plus moelleuse), ravissant la vedette à Eléonore Pancrazi. Sahy Ratia fait davantage preuve de sobriété, et Thomas Dolié retrouve la solidité mise dans le Domine salvum de la Messe de Paisiello.

CHRISTIAN WASSELIN

PHOTO © HÉLÈNE PAMBRUN

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