Comptes rendus Belle reprise mozartienne à Paris
Comptes rendus

Belle reprise mozartienne à Paris

08/07/2021

Palais Garnier, 30 juin

Créée en 1997, cette production a été jouée, en dernier lieu, en novembre-décembre 2017, Ramon Vargas et Michael Spyres se partageant le rôle de Tito (voir O. M. n° 135 p. 48 de janvier 2018). Son énième reprise ne figurait pas, à l’origine, au programme de la saison 2020-2021 de l’Opéra National de Paris ; pandémie oblige, elle est venue se substituer aux spectacles prévus.

Reconnaissons que la mise en scène épurée de Willy Decker se laisse toujours regarder avec plaisir, dans un décor mettant en valeur l’imposant buste en marbre d’un Tito bienveillant et de fort beaux costumes.

Stanislas de Barbeyrac propose une vision à la fois tourmentée et éclairante d’humanité de Tito. Sa voix dévoile toutes ses possibilités, tant dans les récitatifs que dans les airs et les ensembles. L’aigu, relativement sombre, se déploie avec sûreté. Et une sorte d’autorité naturelle confère au personnage une réelle dimension.

Déjà présente en 2017 (en alternance avec Aleksandra Kurzak), Amanda Majeski, très belle en scène, incarne une Vitellia un rien trop impérieuse. La ligne de chant apparaît heurtée, voire tendue, dans le si difficile « Non più di fiori », qu’elle habite toutefois avec flamme.

Le Sesto de Michèle Losier est tout simplement magnifique : son mezzo velouté se projette avec aisance, le timbre est attachant, et l’aigu, parfaitement épanoui. Elle confère à son personnage passion et vivacité des sentiments.

Ravissante Servilia, Anna El-Khashem possède une tout aussi jolie voix de soprano léger. Fine musicienne, Jeanne Ireland incarne un solide Annio. Enfin, Christian Van Horn offre à Publio des couleurs sombres et mordantes.

Les Chœurs de l’Opéra semblent comme s’affranchir du masque, pour s’investir complètement. La direction dynamique et très équilibrée de Mark Wigglesworth confère au spectacle toute sa pertinence, dans une écoute vigilante des chanteurs.

Au bilan, une reprise réussie et justement applaudie, qui clôt en beauté la bien trop courte saison de l’Opéra National de Paris.

JOSÉ PONS

PHOTO © OPÉRA NATIONAL DE PARIS/ÉMILIE BROUCHON

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