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Comptes rendus

La Princesse jaune illumine l’année Saint-Saëns

26/08/2021

Six mois après l’enregistrement, réalisé en studio, en février 2021 (voir O. M. n° 171 p. 18 d’avril), le Palazzetto Bru Zane publie La Princesse jaune. Cet « -opéra-comique » en un acte, dont la durée ne dépasse pas quarante-cinq minutes, avait été plutôt mal accueilli, le 12 juin 1872, à la Salle Favart. Considéré généralement comme mineur dans la carrière de Saint-Saëns, sa première intégrale officielle montre, au contraire, ce qu’il apportait d’originalité dans un genre quelque peu sclérosé.

Un seul décor, deux personnages, une intrigue insolite, inscrite en plein « Japonisme », due à Louis Gallet : Saint-Saëns, qui n’avait pas encore affronté les contraintes du théâtre lyrique, révèle de remarquables qualités de subtilité et de finesse, quelques touches exotiques venant opportunément pimenter sa partition.

Tout cela, on s’en rend vite compte, n’a pas pris une ride et, dans cette œuvre qui se veut légère, mais jamais futile, il y a une vivacité, une fraîcheur, que l’on ne retrouvera pas toujours dans les opéras, plus lourds et plus ambitieux, qui viendront plus tard.

Cette très bonne impression, on la doit également à l’interprétation. Leo Hussain permet à l’Orchestre National du Capitole de retrouver ce ton si subtilement français, que lui avait donné Michel Plasson. Quant à Judith van Wanroij et Mathias Vidal, ils réussissent, avec un goût parfait et une diction exemplaire, à donner vie à leurs personnages et à en traduire les caractères opposés. Chant et dialogues parlés répondent à une même exigence. Rien d’affecté, mais ce qu’il faut bien appeler un « grand style », idéal dans ce répertoire.

En complément, le Palazzetto Bru Zane offre un nouvel enregistrement des Mélodies persanes, réalisé au même moment. Sous étiquette Aparté, en 2015, Tassis Christoyannis, accompagné par Jeff Cohen, avait déjà offert une interprétation fort attachante de ce cycle. Cette fois, ce n’est plus un, mais six chanteurs qui sont à l’ouvrage, avec un orchestre entier, au lieu d’un pianiste.

Si les trois interprètes masculins (Philippe Estèphe, Jérôme Boutillier et Artavazd Sargsyan) savent donner une belle variété d’accents à ces pièces, le chant plus guindé de leurs partenaires féminines (Eléonore Pancrazi, Axelle Fanyo et Anaïs Constans) en fait ressortir plutôt les aspects les plus datés. Ce qui ne retire rien à la réussite de La Princesse jaune !

PIERRE CADARS

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