Comptes rendus Fête vocale pour Rigoletto à Paris
Comptes rendus

Fête vocale pour Rigoletto à Paris

30/10/2021

Opéra Bastille, 23 octobre

On est tout à fait d’accord avec Michel Parouty qui, dans son compte rendu de la création, en avril 2016 (voir O. M. n° 118 p. 61 de juin), de la mise en scène de Claus Guth, la décrivait comme « ne marquant pas les mémoires ».

L’action, rappelons-le, se déroule dans le décor unique d’une boîte en carton, et Rigoletto est accompagné d’un double muet, censé éclairer les déchirements du bouffon (incarné par l’acteur Henri Bernard Guizirian). Mais si cette production – reprise ici pour la deuxième fois, après les représentations de mai-juin 2017 – n’est en rien mémorable, elle a le mérite d’être lisible, et pas trop laide.

Après son album consacré aux principaux héros verdiens (CD Sony Classical), Ludovic Tézier s’affirme comme le baryton de référence dans ce répertoire. Son timbre de bronze, son legato de haut vol, son phrasé de velours, sa longueur de souffle, dessinent un Rigoletto techniquement parfait. Mais il y a plus. Alors qu’on lui a souvent reproché une certaine froideur, il dévoile le supplément d’âme attendu. Son bouffon, tout en pudeur, aime et souffre, tout en refusant les effets faciles d’excès histrioniques.

La Gilda radieuse de Nadine Sierra, à la voix ronde et aux aigus incroyablement faciles, maîtrise jusqu’à la magie l’art du trille. Et Dmitry Korchak campe un Duc de Mantoue insolent, plein de chic et de panache. Le Géorgien Goderdzi Janelidze, aux beaux graves et à la présence indéniable en Sparafucile, est une jeune basse avec laquelle il faudra compter dans les années à venir.

On se souviendra sûrement plus de Justina Gringyte en Maddalena pour son costume d’entraîneuse que pour sa voix, ce qui est fort injuste pour la mezzo lituanienne. Les seconds rôles sont correctement tenus, sans qu’aucun ne se détache particulièrement du lot. Les Chœurs sont, comme d’habitude, parfaits.

Enfin, l’Orchestre de l’Opéra National de Paris est dirigé d’une baguette efficace – mais pas assez charismatique – par Giacomo Sagripanti.

Autres représentations 26, 29 octobre, 1er, 4, 5, 7, 8, 10, 11, 13, 14, 15, 17, 20, 24 novembre.

CATHERINE SCHOLLER

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