Parisiens, précipitez-vous à l’Opéra Bastille quand le Peter Grimes mis en scène par Deborah Warner y sera proposé, lors d’une future saison ! C’est le Teatro Real de Madrid, son premier coproducteur, qui a eu la primeur de cet extraordinaire spectacle, du 19 avril au 10 mai, avant le Covent Garden de Londres (en mars 2022), puis le Teatro dell’Opera de Rome et l’Opéra National de Paris.
Dans un décor dépouillé, le travail de Deborah Warner, qui situe l’action de nos jours, se concentre sur la direction d’acteurs, tant dans le traitement des chœurs et des nombreux seconds rôles, caractérisés avec une acuité stupéfiante, que dans celui de Peter Grimes, incarné par le ténor britannique Allan Clayton, aussi bien chantant que scéniquement bouleversant.
Plus le drame progresse, plus le spectateur retient son souffle, tantôt ému aux larmes, tantôt pétrifié par la violence de la foule. La scène où les villageois, après s’être acharnés comme des hooligans en furie ou des nervis d’extrême droite sur un pantin de chiffons planté au bout d’une pique, partent à la recherche de Peter Grimes, glace le sang : illustration de la théorie du bouc émissaire d’autant plus effrayante qu’elle renvoie explicitement aux aspects les moins reluisants de notre société contemporaine.