Si vous ne l’avez pas regardée hier soir en streaming et en direct, faut-il consacrer son dimanche après-midi 21 février à la découverte, sur son poste de télévision (Arte, 14 h), de la nouvelle production d’Aida filmée à l’Opéra Bastille, le 18 février, sans public mais devant une poignée de journalistes ? La réponse est non, s’agissant de la partie visuelle. Pleine d’intentions plus ou moins bonnes, toutes inabouties ou mal réalisées, la « relecture » de Lotte de Beer et son équipe, transposant l’action à la fin du XIXe siècle, cumule les handicaps : sombre, incohérente, glauque, et plus d’une fois grotesque. Pauvre Alexander Neef, qui hérite de ce désastre, commandé et validé par son prédécesseur, Stéphane Lissner !
Vocalement, en revanche, la très prestigieuse distribution tient son rang. Sacrifiés par la mise en scène, qui les double par des momies dirigées par trois marionnettistes, Sondra Radvanovsky et Ludovic Tézier réussissent quand même à imposer leur talent en Aida et Amonasro. En bonne forme vocale, Jonas Kaufmann opère quelques miracles, mais lui aussi semble abandonné à lui-même scéniquement. Jeune et séduisante Amneris de Ksenia Dudnikova, Ramfis puissant et nuancé de Dmitry Belosselskiy, Roi sonore et musical de Soloman Howard, orchestre et chœurs maison somptueux, sous la direction inégale de Michele Mariotti.
© OPÉRA NATIONAL DE PARIS/VINCENT PONTET