Comptes rendus Dame blanche de l’espoir à Nice
Comptes rendus

Dame blanche de l’espoir à Nice

07/02/2021

Opéra/YouTube, 19 janvier

Les innombrables contraintes qui s’abattent sur le spectacle vivant n’ont pas permis à l’Opéra Nice Côte d’Azur de présenter la coproduction de La Dame blanche, créée à l’Opéra-Comique, en février 2020 (voir O. M. n° 160 p. 57 d’avril). Mais l’adversité stimule. Voilà donc, sur la chaîne YouTube de l’institution, une sorte d’avant-première, jouée sans les décors d’Emmanuelle Roy, ni les vidéos de Nathalie Cabrol. Valérie Nègre a réalisé cette mise en espace, avec costumes et accessoires, d’après la mise en scène originale de Pauline Bureau.

Ce « concert bougé » ampute la durée de la représentation (principalement les dialogues). L’orchestre est placé au fond du plateau, les chanteurs se trouvent devant, et les choristes sont postés dans les loges de la salle. Alexandra Cravero, en véritable maestra concertatrice, assure à la perfection l’indispensable cohésion de l’ensemble.

Le site de la Ville de Nice accompagne la diffusion d’entretiens et d’extraits des répétitions. On y apprécie l’engagement d’Alexandra Cravero et de Valérie Nègre, ainsi que la bonne humeur et l’implication dramatique des deux principaux interprètes, Amélie Robins et Patrick Kabongo.

Chef-d’œuvre de fraîcheur, admiré par Rossini et Weber tout à la fois, l’« opéra-comique » de Boieldieu (Paris, 1825) réclame des chanteurs-acteurs-diseurs capables de vocalisation dans des tessitures étendues. L’orchestre et les chœurs forment l’écrin qui les porte.

Les gros plans montrent que la distribution niçoise ne manque pas de conviction. Tous ses membres apportent une réelle tension à la polyphonie, dans le tableau des enchères, tandis qu’à la place d’un entracte, chacun fait ses vocalises.

L’Anna d’Amélie Robins charme et émeut dans son « Enfin, je vous revois, séjour de mon enfance ! » de l’acte III. Patrick Kabongo reprend l’émouvant « Air écossais » dans la scène de réminiscence, lorsqu’il file un très beau « La-a, la-a, la-a » en voix mixte. Il a su, auparavant, s’affirmer progressivement dans les deux morceaux redoutés du rôle de Georges (« Ah ! quel plaisir d’être soldat » et « Viens, gentille dame »), en rayonnant d’une empathie non dénuée d’humour.

Sophie Marin-Degor, Jenny tour à tour autoritaire, coquette et enjouée, Laurent Kubla, Gaveston à l’allure d’un Comte Almaviva devenu méchant, Marie Kalinine, impeccable Marguerite, dont l’âge dément la qualité de vieille nourrice, Mickael Guedj, sonore Mac-Irton, honorent l’entreprise. Enfin, Luca Lombardo confère à Dikson un relief et une dignité inhabituels.

Attendons maintenant la reprise de cette Dame blanche, dans sa mise en scène originale et devant un public réel. L’Opéra Nice Côte d’Azur l’a reprogrammée pour la saison prochaine… L’espoir fait vivre.

PATRICE HENRIOT

PHOTO © DR

Pour aller plus loin dans la lecture

Comptes rendus Un très grand Siegfried à Madrid

Un très grand Siegfried à Madrid

Comptes rendus Paris en fête

Paris en fête

Comptes rendus Un adieu triomphal

Un adieu triomphal