Comptes rendus Décevante Tosca à Salzbourg
Comptes rendus

Décevante Tosca à Salzbourg

10/09/2021

Grosses Festspielhaus, 31 août

Après divers avatars de programmation et un jeu de chaises musicales entre les distributions, l’été 2021 a vu le surprenant retour de la Tosca du Festival de Pâques (Osterfestspiele) 2018. Dirigée par Christian Thielemann et mise en scène par Michael Sturminger, elle a été filmée et publiée en DVD par Cmajor, avec Anja Harteros, Aleksandrs Antonenko et Ludovic Tézier dans les rôles principaux (voir O. M. n° 149 p. 80 d’avril 2019).

Reprise mouvementée, avec une générale marquée par l’absence d’Anna Netrebko, puis une première, le 21 août, accompagnée de huées pour Michael Sturminger, et suivie de nombreuses réserves, parfois sévères, pour les chanteurs. Le tout conduisant à l’annulation de la retransmission en direct, prévue par l’ORF (et Arte Concert), le 27 août, pour des raisons officielles assez floues, mais apparemment faute d’autorisation de l’interprète principale.

Tout concourt, en fait, à l’échec : une production cherchant vainement la modernité, dans une transposition en thriller bas de gamme ; l’abandon sans profit des plus efficaces ressorts du livret ; la démission de la direction d’acteurs, là où le plateau réuni réclamait, au contraire, une aide substantielle ; et un chef, Marco Armiliato, certes solide, mais s’effaçant totalement devant les chanteurs, avec d’insupportables rallentandi.

Pour un rôle inauguré au Metropolitan Opera de New York, en 2018, et ses 50 ans fêtés en ce mois de septembre, Anna Netrebko n’est pas au mieux en Tosca. La mise en scène réussit même à compromettre un impeccable « Vissi d’arte », en l’ouvrant par une pose des plus disgracieuses. Toujours athlétique dans un aigu de fort beau timbre, mais déployé sans mesure, Yusif Eyvazov serait un Cavaradossi plus qu’honorable, s’il lui ajoutait l’aisance et la finesse de jeu d’un véritable « cavaliere ».

À côté du baryton-basse britannique Michael Mofidian, Angelotti de grand relief qu’on retiendra, le vrai triomphateur est donc, une fois de plus, dira-t-on, le splendide Scarpia de Ludovic Tézier, dont la placidité est, elle, moins mal servie par la production. Chant somptueux, médium brillant d’un éclat noir de toute beauté, dans le milieu d’un registre parfaitement homogène, ligne impeccablement incisive… On a déjà vu et entendu tout cela, mais dans la grande salle salzbourgeoise, c’est un triomphe justement ovationné.

Dernier jour du Festival 2021 en mineur, donc, pour cette ultime représentation, en pendant au demi-succès du Don Giovanni qui en faisait l’ouverture.

FRANÇOIS LEHEL

PHOTO © SALZBURGER FESTSPIELE/MATTHIAS HORN

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