Comptes rendus Délicieux Sondheim au Théâtre Marigny
Comptes rendus

Délicieux Sondheim au Théâtre Marigny

07/02/2019

Studio Marigny, 31 janvier

Jean-Luc Choplin est un homme fidèle. Au Châtelet, il avait révélé au public parisien les œuvres du compositeur américain Stephen Sondheim (né en 1930), grâce à quelques productions mémorables. Il persiste et signe à Marigny, avec Marry Me a Little, idéalement adaptée au cadre superbement rénové du Studio.

Cette « musical revue » est courte (moins d’une heure), et uniquement constituée d’airs rescapés de projets avortés ou destinés à d’autres ouvrages (A Little Night Music, Follies, Saturday Night…), mais rejetés pendant la période d’essais précédant l’arrivée à Broadway ou dans le cours des répétitions. Sondheim avait parlé à un « chorus boy » de Sweeney Todd, Craig Lucas, de ces chansons abandonnées. Chargé de monter un spectacle pour The Production Company, ce dernier obtint du compositeur la permission d’en utiliser quelques-unes.

Pour donner une unité à l’ensemble, Lucas imagina, avec le metteur en scène Norman René, deux célibataires, seuls, un samedi soir, dans New York – la solitude est un thème récurrent chez Sondheim. La création eut lieu off-off-Broadway, le 29 octobre 1980. Craig Lucas, Suzanne Henry et un pianiste firent un enregistrement pour RCA, au mois de mai suivant.

Au Studio Marigny, Philippine Ordinaire a conçu un décor adapté au lieu et à l’action : trois appartements dans un espace commun – un pour chaque protagoniste et un pour une voisine pianiste –, que chaque personnage peut utiliser sans rencontrer l’autre. Mirabelle Ordinaire met en scène, avec autant de subtilité que de sensibilité, cette histoire de gens ordinaires qui, comme tout un chacun, tentent d’oublier leur mal de vivre.

Solidement accompagnés par Charlotte Gauthier, la soprano canadienne Kimy Mc Laren et le baryton britannique Damian Thantrey sont épatants, disant avec émotion des textes qui laissent entrevoir les fêlures et les rêves de ces gens perdus dans la jungle de la grande ville, et détaillant avec finesse des mélodies tendres et nostalgiques, portant la griffe de leur auteur.

Un petit spectacle qui n’a rien à envier aux plus grands.

MICHEL PAROUTY

Au Studio Marigny jusqu’au 24 février.

PHOTO : © JULIEN BENHAMOU

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