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Comptes rendus

Deux nouveautés discographiques pour le couple Aleksandra Kurzak/Roberto Alagna

24/10/2018

La réédition de La Navarraise gravée par Antonio de Almeida, en 1975, avec Lucia Popp, Alain Vanzo et Vicente Sardinero dans les rôles principaux, nous a récemment permis de revenir sur ce court opéra de Massenet, créé à Londres, en 1894, en pleine mode vériste (voir O. M. n° 139 p. 81 de mai 2018). La nouvelle intégrale de studio qui nous parvient, commencée en novembre 2011 et terminée en mai 2017, bénéficie d’atouts sensiblement supérieurs.

Aleksandra Kurzak, d’abord, dispose d’une voix large, aux couleurs bien marquées, capable de donner à la malheureuse héroïne, égarée dans les guerres carlistes, le relief dramatique et le ton pathétique nécessaires. L’attention portée aux mots, la flamme qui se dégage de son chant, la retenue qui vient tempérer ses élans, lui permettent de tracer un portrait fort convaincant de cette proche parente de Carmen et Santuzza.

Auprès d’elle, Roberto Alagna se montre tel qu’il peut être unique, avec cette élégance du phrasé, cette noble ardeur, cette sincérité d’expression qui, une fois encore, font merveille. Certes, son timbre s’est quelque peu durci avec l’âge, mais cela lui sert à explorer les aspects les moins lisses du caractère d’Araquil.

Le reste de la distribution est d’un bon niveau, rien de plus, et respecte avec soin les contraintes de la prosodie française. Tel est le cas du Géorgien George Andguladze et de l’Américain Brian Kontes, qui campent des personnages aux traits bien dessinés.

À l’Opera Orchestra of New York, Alberto Veronesi insuffle une belle dynamique, en plaçant ces deux actes fébriles, séparés par un délicat « Nocturne », à la juste frontière entre le brutal fait divers et le drame intemporel.

Pour qui veut découvrir La Navarraise dans des conditions d’écoute modernes, cette intégrale représente assurément le meilleur choix.

Tandis que Warner Classics publie cet opéra relativement peu connu, Sony Classical présente Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak dans un récital de duos de Puccini, gravé en studio, en février 2018.

Le programme est sans surprises. Tout juste peut-on noter que le ténor reprend ici, avec sa nouvelle épouse, plusieurs pages qu’il avait auparavant très bien défendues en compagnie d’Angela Gheorghiu. Un peu moins charmeur et sensiblement plus musclé qu’hier, son timbre conserve sa séduction immédiate.

Soprano capable de s’ouvrir à de grands emplois dramatiques, Aleksandra Kurzak est pour lui une partenaire de choix qui, de Mimi à Minnie, de Manon Lescaut à Cio-Cio-San, sait lorsqu’il le faut élargir sa voix ou lui donner des colorations plus sombres, plus intimes.

Une complicité évidente unit ces deux grands chanteurs, bien épaulés par Riccardo Frizza, à la tête du Sinfonia Varsovia.

Pierre Cadars

1 CD Warner Classics 0190295605704

1 CD Sony Classical 19075879232

© GREGOR HOHENBERG

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