Comptes rendus Incroyable Benjamin Bernheim à Peralada
Comptes rendus

Incroyable Benjamin Bernheim à Peralada

31/08/2021

Esglesia del Carme,24 juillet

Incroyable Benjamin Bernheim ! Alors qu’il pouvait, pour ses débuts au Festival « Castell de Peralada », se contenter d’enchaîner les « tubes » du répertoire lyrique – les récitals proposés, chaque été, dans le cadre privilégié de l’Église du Carmen, se doivent d’accorder une large place aux airs d’opéra –, il choisit de commencer par une rareté : la version de la création du Poème de l’amour et de la mer d’Ernest Chausson, à Bruxelles, le 21 février 1893, par le ténor Désiré Demest, accompagné au piano par le compositeur en personne.

Trente minutes de pur bonheur, pour la beauté de la voix, la sensibilité du phrasé, la mise en valeur des poèmes de Maurice Bouchor… et l’extraordinaire dialogue conduit avec David Zobel, partenaire complice bien plus que simple accompagnateur. C’est la première fois que Benjamin Bernheim interprète avec piano ce singulier diptyque (cycle de mélodies ? cantate profane ?), abordé en mai dernier, à Lisbonne, avec l’Orquestra Gulbenkian et Lorenzo Viotti. Il a tout intérêt à le conserver à son répertoire, pour en approfondir toujours davantage les mille et une subtilités.

La communion entre chanteur et pianiste atteint les mêmes cimes dans les deux autres mélodies du programme : l’émouvant I pastori d’Ildebrando Pizzetti (1939), sur un poème de Gabriele D’Annunzio, immortalisé jadis au disque par Cesare Valletti (RCA) ; et, en premier bis, le célébrissime et ineffable Morgen ! de Richard Strauss (1894).

S’agissant des airs d’opéra, impeccablement accompagnés par un David Zobel dont on connaît les talents de chef de chant, pas de surprise par rapport au récital du ténor français, paru chez Deutsche Grammophon, en 2019 (voir O. M. n° 155 p. 77 de novembre). La jeunesse et la séduction du timbre, l’aisance et la lumière de l’aigu (quel contre-ut !), la caresse du phrasé, l’ardeur de l’accent, la netteté et l’expressivité de la diction, plongent toujours l’auditeur dans l’ivresse, aussi bien dans Faust que dans Manon, Roméo et Juliette et Eugène Onéguine.

Deux nouveautés par rapport au disque : un très convaincant « Ah ! la paterna mano », extrait de Macbeth, et une étincelante « Légende de Kleinzach » des Contes d’Hoffmann, en deuxième et dernier bis.

Le public délire… à juste titre !

RICHARD MARTET

PHOTO © MIQUEL GONZÁLEZ – SHOOTING

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