La photo en couverture de ce DVD peut créer la confusion : c’est celle du CD Wien, gravé en studio et publié en 2019, par le même éditeur, à la gloire du ténor amoureux de la capitale autrichienne (voir O. M. n° 154 p. 82 d’octobre). L’orchestre était alors les mythiques Wiener Philharmoniker, dirigés par Adam Fischer – leur succèdent ici le PKF-Prague Philharmonia et Jochen Rieder.
La méprise serait d’autant plus explicable qu’une dizaine des standards de la mélodie viennoise ou du répertoire d’opérette sont communs aux deux supports. Ce DVD renvoie, par ailleurs, à celui honoré d’un Diamant d’Opéra Magazine, en 2014, reflet d’un concert berlinois assorti de documents filmés, ordonné autour d’un axe Vienne-Berlin (Du bist die Welt für mich).
Cette fois, les extraits musicaux viennent d’un concert donné au Konzerthaus de Vienne, le 14 octobre 2019, illustrés d’aperçus visuels de l’environnement local et de commentaires dispensés par l’artiste. Comme toujours, le récitaliste se double d’un acteur consommé, accompagnant du geste et de mimiques gourmandes chacun des bijoux offerts à un public conquis d’avance.
Picorons, au fil des plages, l’inévitable duo de Die Fledermaus, avec une Rachel Willis-Sorensen toujours complice, à côté d’extraits de Die Tänzerin Fanny Elssler ou Eine Nacht in Venedig, où le ténor allemand s’abandonne parfois à quelque redondance sonore. Stolz et le charme nocturne de son Wien wird bei Nacht erst schön, comme In einem kleinen Café de Leopoldi, chantre des cabarets miraculeusement rescapé des camps, trouvent plus naturellement le chemin du cœur.
Lehar et Die lustige Witwe sont évidemment de la fête, avant le parlando réjouissant du Sag beim Abschied leise Servus de Kreuder, contrepoint des velléités stentoriennes de Jonas Kaufmann. La chaleureuse sincérité de l’ensemble, enrobé dans un discours orchestral pétillant, absout notre ténor de tout péché d’ego vocal.
Un ténor qui nous entraîne dans l’allégresse du Prater ou la convivialité légendaire des cafés et Heuriger dédiés au vin de l’année. Comment résister ?
JEAN CABOURG