Comptes rendus Le Met de retour dans les cinémas
Comptes rendus

Le Met de retour dans les cinémas

22/09/2021

Après une interruption de plus d’un an, pour cause de pandémie, le Metropolitan Opera de New York reprend sa célèbre série de retransmissions en direct et en haute définition (« The Met Live in HD »), distribuée en France par Pathé Live. Peter Gelb, directeur général de l’institution, a choisi, dans sa nouvelle saison 2021-2022, dix productions qui méritent toutes que l’on se précipite dans le cinéma le plus proche.

Boris Godounov inaugure la série (9 octobre, 18 h 55). Créée en 2010, la production de Stephen Wadsworth, aussi épurée que belle à voir, est une réussite – on suivra avec intérêt la manière dont le metteur en scène l’adapte à la version originale de 1869, choisie pour cette reprise. Comme il y a onze ans, on ne manquera pas le bouleversant Boris de René Pape, en gardant un œil sur quelques-uns de ses partenaires : le remarquable David Butt Philip en Grigori, l’impressionnant Ain Ager en Pimène…

Suit Fire Shut Up in My Bones (Comme un feu dévorant, enfermé dans mes os), premier opéra d’un compositeur afro-américain représenté au Met (23 octobre, 18 h 55). L’ouvrage a vu le jour, avec succès, à St. Louis, en 2019. Il porte la griffe de Terence Blanchard (né en 1962), célèbre musicien de jazz qui a adapté, avec le concours de Kasi Lemmons pour le livret, l’autobiographie éponyme de Charles M. Blow, dans laquelle le journaliste du New York Times évoque les combats de sa jeunesse contre les préjugés raciaux, dans une petite ville de Louisiane, dans les années 1970-1980. Yannick Nézet-Séguin, le directeur musical de la compagnie, a accepté de le diriger, dans une nouvelle mise en scène de James Robinson et Camille A. Brown, dont nul n’a oublié l’épatant Porgy and Bess au Met, en 2019. Dans la distribution, on retrouve deux des têtes d’affiche de l’opéra de Gershwin : Angel Blue et Latonia Moore.

Encore un opéra américain, avec Eurydice de Matthew Aucoin (né en 1990). Revisitant le mythe d’Orphée du point de vue de son épouse et créé à Los Angeles, en 2020, l’ouvrage, sur un livret de Sarah Ruhl, sera dirigé par Yannick Nézet-Séguin, avec Mary Zimmerman à la mise en scène (4 décembre, 18 h 55). Distribuée dans le rôle-titre, la talentueuse soprano Erin Morley affrontera le baryton Joshua Hopkins et l’un des contre-ténors les plus médiatisés du moment, Jakub Jozef Orlinski.

Même en anglais, et même dans une adaptation d’une heure et demie, conçue pour les fêtes de fin d’année (Cinderella), on ira voir la reprise de la Cendrillon de Massenet, dans la réjouissante production de Laurent Pelly (1er janvier, 18 h 55). Car la distribution, placée sous la baguette d’Emmanuel Villaume, est alléchante : Isabel Leonard dans le rôle-titre, Emily D’Angelo dans le Prince Charmant, Jessica Pratt dans la Fée, Laurent Naouri en Pandolfe…

Dans la reprise du Rigoletto mis en scène par Bartlett Sher (29 janvier, 18 h 55), on s’attachera à la direction musicale de Daniele Rustioni et à la Gilda de la prometteuse Rosa Feola, sans négliger les Rigoletto et Duc de Mantoue bien connus de Quinn Kelsey et Piotr Beczala.

Impossible de rater une autre reprise, celle d’Ariadne auf Naxos, même si la production d’Elijah Moshinsky remonte à… 1993 (12 mars, 18 h 55). Car Marek Janowski sera au pupitre, et Lise Davidsen incarnera Ariadne, rôle dans lequel elle a fait sensation, à Aix-en-Provence, en juillet 2018.

La nouvelle production de Don Carlos (26 mars, 17 h), qui marquera l’entrée au répertoire du Met de la version originale française en cinq actes, est extraordinairement luxueuse : Yannick Nézet-Séguin à la baguette, David McVicar à la mise en scène, Sonya Yoncheva et Elina Garanca en Élisabeth et Eboli. Inattendu, le choix de Matthew Polenzani pour le rôle-titre pourrait s’avérer payant, tout comme celui d’Eric Owens pour Philippe II. Quant à Etienne Dupuis en Posa, c’est le rêve !

Gageons que les salles seront pleines pour la retransmission de Turandot, dans l’inoxydable production de Franco Zeffirelli, qui fêtera, en cette occasion, ses 35 ans de bons et loyaux services (7 mai, 18 h 55). Car la « princesse de glace » sera incarnée par la plus grande diva de notre époque, Anna Netrebko, face au Calaf de Yonghoon Lee, à la Liù -d’Ermonela Jaho et au Timur de luxe de Ferruccio Furlanetto (7 mai, 18 h 55).

Dans la nouvelle production de Lucia di Lammermoor, on suivra, en priorité, les trois chanteurs principaux : Nadine Sierra en Lucia, Javier Camarena en Edgardo, Artur Rucinski en Enrico (21 mai, 18 h 55). Riccardo Frizza est un bon chef donizettien. Quant au metteur en scène, Simon Stone, on le sait capable du meilleur (Die tote Stadt, à Munich), comme du pire (le récent Tristan und Isolde d’Aix-en-Provence).

L’honneur de conclure (4 juin, 18 h 55) reviendra à un troisième opéra contemporain : le formidable Hamlet du compositeur australien Brett Dean (né en 1961). Le Met a loué, pour l’occasion, l’excellente production de la première mondiale (Glyndebourne, 2017), signée Neil Armfield, en faisant appel aux mêmes Allan Clayton, Rod Gilfry et John Tomlinson pour la distribution. Le DVD de la création, paru chez Opus Arte, avait été couronné d’un Diamant d’Opéra Magazine (voir O. M. n° 144 p. 73 de novembre 2018).

RICHARD MARTET

PHOTO : René Pape dans Boris Godounov. © METROPOLITAN OPERA/KEN HOWARD

Pour aller plus loin dans la lecture

Comptes rendus Un très grand Siegfried à Madrid

Un très grand Siegfried à Madrid

Comptes rendus Paris en fête

Paris en fête

Comptes rendus Un adieu triomphal

Un adieu triomphal