Comptes rendus Le Pirate séduit Monte-Carlo
Comptes rendus

Le Pirate séduit Monte-Carlo

24/03/2020

Auditorium Rainier III, 5 mars

Il pirata (Milan, 1827) est-il vraiment un opéra de ténor, comme son titre le laisse a priori penser ? Composé par Vincenzo Bellini pour le grand Gio. Battista Rubini, il réclame, en effet, un chanteur capable d’en assumer non seulement la spectaculaire tessiture et les aspects vocalisants, mais aussi le lyrisme sombre. En termes de présence, toutefois, et d’importance dans la partition, c’est bien à la soprano que revient la part du lion.

Pour cette version de concert programmée sur deux soirées, l’Opéra de Monte-Carlo a réuni un trio de très grandes voix. Celso Albelo apporte à Gualtiero toute la vaillance souhaitée, malgré quelques petits problèmes d’intonation en fin de soirée, dus sans doute à un rien de fatigue. Pliant autant que possible son instrument robuste aux exigences du cantabile, le ténor espagnol compose un personnage entier, vindicatif et désespéré dans sa dernière scène.

Plus connue pour ses affinités avec le premier Verdi (Abigaille ou Lady Macbeth), Anna Pirozzi déploie une voix d’une longueur impressionnante, homogène sur toute la tessiture, capable de douceur et de demi-teintes, comme de tranchant dans des aigus d’une incroyable puissance. L’interprète semble, en revanche, peu investie, et il faut attendre le deuxième acte pour qu’Imogene commence à sortir de sa gangue.

Remplaçant George Petean, le baryton italien Vittorio Prato assure sans problème le martial air d’entrée d’Ernesto, avec une voix souple et bien timbrée, caractérisant impeccablement son personnage de « méchant ». On distinguera, parmi les excellents comprimari, la basse noble d’Alessandro Spina en Goffredo.

À la tête de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et du Chœur de l’Opéra, Giacomo Sagripanti se montre attentif aux chanteurs, maîtrisant à la perfection le mélange de styles de la partition. Sa baguette souple et vivante exalte le dramatisme de l’écriture de Bellini, pour culminer dans un prélude à la scène finale de toute beauté.

ALFRED CARON

PHOTO © OMC/ALAIN HANEL

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