Orphée et Eurydice, Lucio Silla, Les Huguenots, Les Contes d’Hoffmann, Le nozze di Figaro, Psyché, Roméo et Juliette, Cendrillon, Fantasio, Faust, La finta giardiniera, L’Étoile, Mozart, La clemenza di Tito
Mozarteumorchester, dir. Marc Minkowski
1 CD Erato 0190295927622
C’est sous le doux soleil de Mozart qu’a mûri ce premier récital au disque de Marianne Crebassa, enregistré en studio, du 4 au 8 janvier 2016. Mozart, présent directement dans six numéros d’un ingénieux programme et dont l’influence est manifeste sur plusieurs des autres compositeurs qui l’accompagnent ici. En outre, comment ne pas remarquer que c’est à la tête du Mozarteumorchester de Salzbourg que Marc Minkowski dirige, avec le soin chaleureux et la curiosité d’esprit qu’on lui connaît, sa jeune soliste, qui se montre à la hauteur de tout ce que l’on pouvait attendre d’elle.
Voici, en effet, une voix de mezzo-soprano telle que nous les aimons, souple, légère, juvénile, stylée, idéale assurément pour traduire les emballements et les ambiguïtés de l’adolescence. Cherubino, le premier, trouve ainsi une interprète sensible, mais l’on peut en dire autant de Cecilio (Lucio Silla), de Stéphano (Roméo et Juliette), de Nicklausse (Les Contes d’Hoffmann) ou de Fantasio, rêvant « dans la nuit brune ».
Précieuses pépites de cet enregistrement, les airs venus de L’Étoile de Chabrier (« Ô petite étoile » de Lazuli), de Cendrillon de Massenet (« Cœur sans amour » du Prince Charmant) et, plus encore, de Psyché, opéra bien oublié -d’Ambroise Thomas (« Sommeil, ami des dieux » d’Éros), ainsi que de Mozart, la comédie musicale de Sacha Guitry et Reynaldo Hahn (« Alors, adieu donc, mon amour ! » de Mozart), prouvent que, dans le cadre actuel de l’industrie du disque, il peut encore exister une place pour ce qui n’est pas le plus connu.
Depuis Mozart et Gluck jusqu’à Hahn, Marianne Crebassa parcourt, d’un pied léger et sûr, une route qui n’est pas exempte d’embûches. On admirera donc, par exemple, le juste équilibre entre brillance et ingénuité que la mezzo -française sait apporter à la délicieuse cavatine d’Urbain des Huguenots (« Nobles seigneurs, salut ! »), avec toutes les fioritures qui s’y attachent. À retenir aussi l’air de Siébel (« Versez vos chagrins dans mon âme »), que Gounod avait prévu à l’acte IV de Faust, avant de le couper pendant les répétitions.
Ironiquement intitulé Oh, Boy !, ce récital, préparé avec le meilleur goût, offre ainsi le portrait le plus séduisant qu’il soit d’une artiste particulièrement attachante. Qu’attendre d’autre d’un disque qui, sans nul doute, vient à son heure ?
PIERRE CADARS