Comptes rendus Prometteuses voix des Outre-Mer à Paris
Comptes rendus

Prometteuses voix des Outre-Mer à Paris

12/10/2020

Théâtre du Châtelet, 28 septembre

Malgré toutes les contraintes subies cette année, le Concours « Voix des Outre-Mer », fondé par le contre-ténor Fabrice di Falco, est heureusement parvenu à organiser sa troisième édition.

Première des finales territoriales programmées jusqu’en décembre 2020, la finale Île-de-France s’est déroulée au Théâtre du Châtelet. Seize candidats ultramarins se sont retrouvés en lice pour deux passages successifs, dans l’esprit même d’un concours qui ouvre ses sélections tant aux jeunes chanteurs en fin de cursus – deux d’entre eux sortent du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris – qu’aux autodidactes, sans limite d’âge.

Il convient de saluer d’emblée le pianiste Florent Hu, qui parvient à assurer, avec beaucoup de talent, l’accompagnement des trente-deux morceaux dans toute leur diversité et leur style respectif. Sans réelle surprise, ce sont les deux chanteurs issus du CNSMDP qui se partagent le Prix « Voix des Outre-Mer Île-de France ».

Premier nommé et déjà « Révélation Classique » de l’Adami, en 2019, le baryton Edwin Fardini (25 ans, Martinique) débute une carrière prometteuse. On pourra ainsi l’entendre au sein de la nouvelle production d’Hippolyte et Aricie de Rameau, à l’Opéra-Comique, à partir du 12 novembre. Il projette une voix large et assurée, avec une force de conviction peu commune. Imposant Anténor de Dardanus (« Monstre affreux, monstre redoutable »), il démontre une flexibilité et un sens réel de la nuance dans Deep River.

Deuxième nommée, la mezzo-soprano Axelle Saint-Cirel (24 ans, Guadeloupe), après un air tiré d’Imeneo de Haendel, aux brillantes vocalises, incarne Mignon (« Connais-tu le pays ? »). Malgré un tempo un peu alangui, elle détaille cette page avec une sensibilité idéale, une sincérité bouleversante. La voix déploie de fort belles couleurs irisées, un grave appréciable et un legato maîtrisé.

Récompensé par le Prix « Jeune Talent Île-de-France », le tout jeune Auguste Truel (16 ans, Haïti) surprend par la technique qu’il affirme déjà. Dans l’air du Figaro mozartien (« Non più andrai »), il sait parfaitement ce qu’il chante. Le ton est juste, précis, et la voix montre une facilité évidente.

Durant les délibérations du jury, la soprano Candice Albardier, lauréate du Prix « Jeune Talent », lors de la deuxième édition du Concours, rend hommage à la merveilleuse Christiane Eda-Pierre, récemment disparue, en interprétant deux de ses rôles phares : la Comtesse Almaviva des Nozze di Figaro (« Porgi, amor ») et Antonia des Contes d’Hoffmann (« Elle a fui, la tourterelle »).

Rendez-vous maintenant pour la finale nationale, prévue à Paris, en janvier 2021. Après la soprano Marie-Laure Garnier (2019) et le baryton Aslam Safla (2020), nous connaîtrons enfin la troisième « Voix des Outre-Mer » !

JOSÉ PONS

PHOTO : Edwin Fardini, Axelle Saint-Cirel et Auguste Truel © VOIX DES OUTRE-MER

Pour aller plus loin dans la lecture

Comptes rendus Un très grand Siegfried à Madrid

Un très grand Siegfried à Madrid

Comptes rendus Paris en fête

Paris en fête

Comptes rendus Un adieu triomphal

Un adieu triomphal