Comptes rendus Récital Rossini à Saint-Céré
Comptes rendus

Récital Rossini à Saint-Céré

10/08/2020

Château de Castelnau-Bretenoux, 2 août

Le Festival de Saint-Céré, qui fête, en cet été 2020, sa 40e édition, a dû s’adapter aux contraintes sanitaires. Il s’est donc associé dans l’urgence au Festival de Théâtre de Figeac, pour proposer cet « Impromptu Festival », version allégée de sa programmation, avec un nombre restreint d’événements, uniquement de plein air. Ainsi la nouvelle production de La Cenerentola a-t-elle été reportée à 2021 et remplacée par un « Récital Rossini », réunissant quatre chanteurs de la distribution.

Ce programme d’une heure et quart, donné devant 200 spectateurs – au lieu des 600 habituels – au Château de Castelnau-Bretenoux, s’est ouvert par le trio d’Il Turco in Italia entre Don Geronio, Don Narciso et Prosdocimo (le Poète) : bonne idée, puisqu’on y discute de la recherche d’une intrigue bouffe, mais dont l’évident manque de familiarité des interprètes avec la partition a limité l’impact. Heureusement, les extraits d’Il barbiere di Siviglia, La Cenerentola et L’Italiana in Algeri, chantés par cœur et mis en espace, ont bien plus convaincu.

Fidèle à son habitude, la compagnie Opéra Éclaté, dirigée par Olivier Desbordes, donne leur chance à plusieurs jeunes voix, qui côtoient des artistes chevronnés et déjà habitués du Festival. Lamia Beuque a ainsi beaucoup d’atouts pour incarner Angelina/Cenerentola, à commencer par un excellent physique, doublé d’un bel aplomb en scène, un timbre sensuel et une technique sinon impeccable, du moins souvent habile dans la virtuosité. Elle se montre également une piquante Rosina et une Isabella au ton juste, même si la voix n’est pas exactement le contralto exigé pour cette dernière.

L’interrogation est un peu la même pour le ténor délicat de Camille Tresmontant, qui alterne moments de grâce (la « Sérénade » d’Almaviva, où il s’accompagne lui-même à la guitare) et d’autres où l’émission de l’aigu, semblant hésiter entre voix mixte et falsetto, fait craindre pour le grand air de Don Ramiro.

Quant à Philippe Estèphe, si l’on admire l’homogénéité et la projection de son baryton mordant, qui font merveille en Taddeo, la virtuosité paraît chez lui franchement limitée, comme le prouvent l’entrée de Dandini et, plus encore, le duo Rosina/Figaro, aux traits escamotés, voire simplifiés.

Ces trois jeunes artistes ont, en tout cas, sous leurs yeux, l’exemple d’un chanteur-acteur accompli en la personne de Franck Leguérinel, vétéran de la soirée. Sa façon de varier chaque effet vocal et musical reste un modèle, tant en Don Magnifico qu’en Mustafà (désopilant duo avec Isabella !), même si l’instrument n’est pas forcément des plus opulents, notamment dans le grave. Une truculence que Franck Leguérinel met également au service des textes de liaison du spectacle, où il lit les passages de la Vie de Rossini de Stendhal, correspondant aux extraits proposés.

Enfin, fort d’un savoir-faire à l’ancienne de maestro concertatore, le chef d’orchestre Gaspard Brécourt se met au piano pour tenir toute la soirée avec compétence.

En rappel, le « Buona sera » d’Il barbiere di Siviglia (quintette réduit ici à quatre voix) souhaite la bonne nuit au public, manifestement ému de retrouver ces irremplaçables moments de partage du spectacle vivant.

THIERRY GUYENNE

PHOTO © NELLY BLAYA

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