Comptes rendus Somptueux Bal masqué à Nantes
Comptes rendus

Somptueux Bal masqué à Nantes

16/04/2019

Théâtre Graslin, 17 mars

Rendant compte de la création de cette production à Nancy, en mars 2018 (voir O. M. n° 139 p. 59 de mai), notre confrère Patrick Scemama avait souligné, à juste titre, que le concept du « théâtre dans le théâtre », si souvent galvaudé de nos jours, avait parfaitement été maîtrisé par Waut Koeken.

Le roi Gustave III de Suède, ou du moins le personnage qui veut l’incarner, met en scène son histoire avec toute la panoplie des artifices d’un théâtre et cela fonctionne bien jusqu’à un superbe finale, sous la coupole du San Carlo de Naples, auquel l’œuvre était primitivement destinée par Verdi. Et la lisibilité de l’intrigue est parfaite.

Seuls deux interprètes de l’an dernier ont suivi le mouvement. Hila Baggio est un pétulant Oscar, jouant sur l’ambiguïté du travesti lors du bal masqué, dans son costume de danseuse en tutu. De Stefano Secco, on connaît les limites : le timbre manque de lumière et le style reste assez fruste. Mais son expérience, son endurance et son investissement dramatique lui permettent de donner une image très crédible de Gustavo III.

La performance de Monica Zanettin est à souligner. Cette spécialiste d’Aida déploie une voix splendide, avec une sûreté d’intonation et une maîtrise de la dynamique sonore qui en font une Amelia quasi idéale. Son « Ecco l’orrido campo… » est d’une beauté fulgurante, le haut médium s’épanouissant avec une force expressive poignante. Ce n’est pas un hasard si, dans le duo qui suit, Stefano Secco, galvanisé par sa partenaire, est à son meilleur.

En revanche, l’Anckarström de Luca Grassi se montre décevant : voix terne, vibrato tenace et diction engorgée. Remplaçant Laura Brioli, souffrante, Agostina Smimmero prête son grave profond à Ulrica ; dommage que sa projection soit parfois insuffisante. Les comprimari sont excellents, en particulier Sulkhan Jaiani et Jean-Vincent Blot, qui donnent beaucoup de relief aux deux comtes comploteurs, Ribbing et Horn.

Très bon batteur de mesure, Pietro Mianiti tient bien son monde, sans pour autant raffiner l’interprétation. Forçant sur les décibels des cuivres et des timbales, il prive un peu de subtilité la partition, malgré l’enthousiasme de l’Orchestre National des Pays de la Loire.

Enfin, le Chœur d’Angers Nantes Opéra, très bien préparé par Xavier Ribes, est impressionnant d’impact sonore et de présence dramatique, surtout côté masculin. Il participe au succès de ce somptueux Ballo in maschera.

JEAN-LUC MACIA

PHOTO © ANGERS NANTES OPÉRA/JEAN-MARIE JAGU

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