Basilique Notre-Dame, 24 juillet
Filippo Mineccia, en ouvrant le Prologue du profus opus montéverdien, impose le ton d’une soirée constituée d’éloquence, de gravité et de moments de grâce. Son chant racé convient à la vision de Stéphane Fuget et de son ensemble Les Épopées, nouveaux espoirs du XVIIe siècle italien, avec un bel équilibre entre volupté et tension, humour et soin du détail, sans oublier un magistral sens de la respiration.
Elle n’est d’ailleurs pas sans donner à ce Ritorno d’Ulisse in patria quelques longueurs, après la scène d’Iro où explosent le comique et l’endurance de Jörg Schneider. On tient là l’ensemble parfait pour d’ambitieuses réalisations scéniques de la trilogie montéverdienne.
En Penelope, le mezzo chaud d’Anthea Pichanick délivre la noblesse et la douleur nécessaires. L’Ulisse de Valerio Contaldo est clair et impétueux. Il donne au voyageur enfin de retour un beau panache. Telemaco est Mathias Vidal. On est décontenancé par ce qui est désormais un tic, la tension permanente, la précipitation d’une diction pas toujours maîtrisée. Qu’il incarne Phaéton, Telemaco ou Abaris dans Les Boréades, ses caractérisations restent brouillonnes.
Cyril Auvity est Eumete. Le timbre pastel et la précision du cantando continuent d’en faire le modèle supérieur de la haute-contre. Moins écrasé par l’orchestre que dans Die Zauberflöte, la veille, Luigi De Donato peut ici laisser rayonner un bas registre confortable, bien que manquant de projection.
Ambroisine Bré est une piquante Melanto. Son duo coquin avec l’Eurimaco de Pierre-Antoine Chaumien est l’un des beaux moments du concert. Amore puissant et clair, mais également ardente Giunone, Marie Perbost impose des aigus lumineux.
On attend impatiemment les prochaines saisons beaunoises pour se régaler de L’Orfeo et L’incoronazione di Poppea, déjà annoncés avec ces éloquentes Épopées.
VINCENT BOREL
PHOTO © JEAN-CLAUDE COTTIER
