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Comptes rendus

Une anthologie d’une exceptionnelle beauté 

29/01/2021

Marlis Petersen : Dimensionen, Mensch & Lied

4 CD Solo Musica SM 350

Depuis 2017, la soprano allemande Marlis Petersen enregistre, chaque été, un nouveau programme de lieder, composé à chaque fois de pièces soigneusement assorties, en vue de faire ressentir, au fil de subtiles mises en perspective, des « dimensions » inédites. Sont ainsi parus les albums Welt et Anderswelt (voir O. M. n° 150 p. 80 de mai 2019), puis Innenwelt (voir O. M. n° 159 p. 81 de mars 2020), censés explorer successivement de multiples univers, terrestres, souterrains, intérieurs…

Un projet ambitieux, mais finalement très réussi. Parce que, au-delà du raffinement du concept, Marlis Petersen a aussi des affinités vocales exceptionnelles à faire valoir avec l’univers du lied, parce qu’elle est soutenue par d’excellents accompagnateurs (surtout Stephan Matthias Lademann, prodigieux), et enfin parce que ces programmes artistement composés regorgent de partitions peu connues à découvrir.

La parution finale de l’élégant coffret noir, regroupant les trois récitals, nous vaut même un bonus, court CD supplémentaire de trente minutes, enregistré en septembre 2020, en studio, et baptisé Neue Welt. Entre-temps, la pandémie a bouleversé notre système et le message est clair : il va falloir passer au « monde d’après ».

À nouveau, l’assemblage des pièces stimule par son appréciable subtilité, alternant même moments chantés (huit lieder) et déclamés (six poèmes ou citations en -allemand : Rilke, Goethe, Zweig, voire des textes plus contemporains), le passage du chant à la parole s’effectuant avec un parfait naturel.

À nouveau des découvertes (Symbolum de Hans Sommer, Nun ist’s genug de la compositrice -autrichienne Mathilde Kralik), mais aussi quelques joyaux du lied, dont l’un des Rückert-Lieder de Mahler et, surtout, un époustouflant Wanderers Nachtlied de Wolf.

Marlis Petersen y cisèle chaque détail d’articulation, pendant que Stephan Matthias Lademann polit chaque facette de son toucher, instrument et voix paraissant explorer chacun leur propre monde, magnifique exemple d’indépendance éminemment « wolfien ».

Pour qui aurait déjà acheté les trois premiers CD et souhaiterait éviter des doublons, reste la possibilité d’écouter ce Neue Welt grâce aux plateformes de téléchargement, mais en ce cas, inexplicablement, sans accès possible aux pièces récitées.

En l’état, le coffret complet, en dépit de petites réserves qu’on a pu formuler, ici ou là, à l’écoute des volumes séparés, s’affirme, dans sa globalité, comme une anthologie particulièrement originale et d’une exceptionnelle beauté.

LAURENT BARTHEL

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