Le 2 septembre dernier, à Lisbonne, la jeune mezzo-soprano tuniso-canadienne a fait belle impression en finale du Concours Operalia fondé par Placido Domingo. À partir du 21 décembre, elle incarnera le rôle-titre dans Fantasio d’Offenbach, à l’Opéra Comédie.
Rihab Chaieb n’est pas de ces cantatrices qui déclarent être nées pour chanter. Pour elle, adopter la voie du lyrique fut un combat.
Née au sein d’une famille tunisienne, installée au Canada pour connaître une vie meilleure, elle est l’aînée qui doit réussir, qui doit incarner le succès de l’intégration. Si elle manifeste très tôt son intérêt pour la musique, ses parents lui répètent qu’elle doit se concentrer sur ses études et ne pas perdre de temps en distractions. Elle est donc l’élève studieuse que l’on attend d’elle, sautant plusieurs classes.
Une psychologue qu’elle doit consulter, afin d’obtenir une dérogation pour entrer précocement à l’école primaire, décèle sa grande imagination, lui prédisant qu’elle n’exercera pas une profession commune. Sa famille lui imagine alors une destinée dans les sciences ou les mathématiques. Si elle excelle dans ces disciplines, Rihab Chaieb se souvient surtout des cours de musique, de philosophie et d’art.
Pour elle, l’école est comme un paradis où elle s’épanouit, où ses professeurs la nourrissent, où elle peut surtout échapper aux rigueurs d’un père sévère et violent, accroché à des valeurs d’un autre temps. La fille effacée et introvertie dans le cercle familial explose dans le cadre scolaire, laissant libre cours à sa fantaisie et à son besoin de s’exprimer.